27 Décembre 2013
En troisième, Martin (les prénoms ont été changés) était le petit génie de la classe. Le solitaire à lunettes rondes qu’on bousculait avec admiration. Une question ? Il y avait toujours une nouille pour se retourner avec un sourire carnassier :
« Vas-y Martin, réponds. »
Aujourd’hui, la joue barbue et le cheveu mi-long, il conçoit des pièces de Formule 1 pour un matelas de presque 2 000 euros net par mois. Un brin fanfaron, l’ingénieur plaque des photos de bolides à la fin de ses e-mails.
A l’inverse du prodige fou de mécanique, Clara n’a pas laissé de traces dans mon souvenir. Son nom figure au dos d’une photo de classe de l’époque. Elle est là, timide, taiseuse, un poil mal à l’aise. Ces temps-ci, elle gagne un « tout petit plus » que le Smic en peignant des flacons de parfum dans une usine de cosmétique.
http://www.rue89.com/2013/12/10/classe-3e-dix-ans-apres-avenir-etait-ecrit-tetes-248149